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 Vladimir Soloviev à Cannes

Soloviev a Cannes

Soloviev à Cannes, printemps 1899

Au printemps 1899, le monde vient tout juste de sortir du Kali-Youga, dans lequel il était entré 5000 ans auparavant, au moment (supposé ou légendaire) de la mort de Krishna (18 février de l’an 3102 avant J.-C. + 1899 - 1 [car il n’y a pas d’an zéro en chronologie] = 5000).

Vladimir Soloviev[1] (1853-1900) a 46 ans, il a déjà produit une œuvre considérable, mais depuis un an il est dans une crise profonde. Il est invité à Cannes,[2] Villa Marie-Mélanie, Chemin de Bénéfiat [littéralement : « que soit bien fait »], et là, quelque chose bouge enfin. Il va y commencer sa dernière œuvre, qu’il achèvera en Russie, Trois conversations (ou Trois entretiens)[3] se terminant par la Courte relation (ou Court récit) sur l’Antichrist.[4] La composition de cette œuvre finale épouse exactement le tout début de l’Âge Clair puisque s’étendant sur la première année de ces 2500 ans qui nous mèneront jusqu’à l’an 4399 (un peu avant le milieu de la lointaine Ère du Verseau [3573- 5733]).

Il dira, dans sa préface aux Trois conversations, signée le dimanche de Pâques 1900, donc un an après le séjour à Cannes :

« Il y a deux ans environ, un changement particulier dans mes dispositions spirituelles, changement sur lequel il ne convient pas de s’étendre ici, éveilla en moi le désir puissant et persévérant d’éclairer, de façon perceptible et accessible à tous, ces aspects majeurs de la question du mal qui doivent toucher chacun de nous. Longtemps je n’ai pas trouvé de forme qui convînt pour réaliser mon dessein. Or, au printemps de 1899, me trouvant à l’étranger, j’ai composé d’un coup et j’ai écrit en quelques jours le premier entretien sur ce sujet, et ensuite, après mon retour en Russie, j’ai écrit les deux autres dialogues. Ainsi c’est d’elle-même que cette forme littéraire s’est présentée comme l’expression la plus simple pour dire ce que je voulais. » (Préface publiée dans le journal Rossia, sous le titre « La falsification du bien ») [Caractères gras c.l.]

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[1] Aussi : Soloviov, Solovieff, Solowjow ou Solowjew en allemand, Solovyof en anglais. En fait il y a une bonne vingtaine de graphies différentes pour son nom, ce qui ne facilite pas les recherches en bibliothèque ou sur internet.

[2] À la fin du XIXe siècle, il y avait un train direct de Saint-Pétersbourg à Cannes deux fois par semaine.

[3] Je me suis servi principalement de quatre traductions françaises et d’une traduction allemande :

« L’Antéchrist », in Vladimir Soloviev - Introduction et choix de textes, Paris, 1910 [Traduction : Jean-Baptiste Séverac] ;

Vladimir Soloviev, Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, Paris, 1916 [Traduction : Eugène Tavernier] En PDF sur Gallica ;

« Récit sur l’Antéchrist », in Vladimir Soloviev, Conscience de la Russie, Paris, 1950 [Traduction : Jean Gauvain] ;

Vladimir Soloviev, Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, Paris 1984 [Traduction : Bernard Marchadier et François Rouleau] ;

Wladimir Solowjew, Kurze Erzählung vom Antichrist, Trier, 2019 [Traduction: Ludolf Müller]

[4] « Antichrist », plutôt que « Antéchrist » (qui veut dire littéralement « avant le Christ », « qui précède le Christ »).